Soutenir l’art, propulser la relève: Mathilde Varanese, lauréate de la Bourse Altitude/C pour l’art contemporain.

Mathilde Varanese, lauréate de la Bourse Altitude/C, a présenté sa première exposition solo à la galerie C.O.A. Un moment fort célébrant la relève artistique montréalaise.
Emily April
Coordonnatrice de projets
3/7/2025
Actualités

Il y a quelques semaines, la galerie C.O.A accueillait le vernissage de Mathilde Varanese, récipiendaire de la Bourse Altitude/C. Cette bourse vise à soutenir les artistes émergents et à contribuer au dynamisme de la scène artistique locale. Entre rires, émotions et discussions passionnées autour des œuvres, l’événement a rassemblé un public vibrant et curieux, prêt à célébrer la relève artistique.

La Bourse Altitude/C

Cette année, Altitude/C célèbre 25 ans de projets, de rencontres et de création. L’agence avait envie, à sa manière, de mettre en lumière un talent d’ici. La Bourse Altitude/C pour l’art contemporain a été imaginée pour offrir à un·e artiste émergent·e l’opportunité précieuse d’une première exposition solo dans une galerie professionnelle.

Concrètement, cette bourse permet à l’artiste de bénéficier d’un soutien pour la production, la diffusion, l’achat de matériel et le temps de création nécessaire pour réaliser son exposition. La bourse couvre également les frais liés au vernissage et l’ensemble de la visibilité créé.

L'art contemporain, chez Altitude/C, ça a une place importante. Déjà parce que ça nous inspire, on aime beaucoup le travail des artistes, qui sont souvent audacieux, qui nous amènent à réfléchir, à voir la vie autrement. C'est un reflet de la société, pis de qui nous sommes, mais avec un regard original qui est très inspirant pour le domaine événementiel. - Thomas Giraudo

L’artiste : Mathilde Varanese

Mathilde Varanese détient un baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’UQÀM où elle obtient la bourse d’excellence Pierre Luc d’Orsonnens et le Prix d’excellence Jacques-de-Tonnancour. En 2024, elle participe au festival artch ainsi qu’à la foire d’art contemporain Singuliers présentée en collaboration avec la Fonderie Darling. L’année précédente, elle prend part à l’exposition Comme un bruit de métal à Projet Casa, pour laquelle elle reçoit le soutien du Conseil des arts de Longueuil, qui lui octroie également le Prix Relève Desjardins en 2023. Elle s’implique activement dans la diffusion artistique et occupe un poste de coordonnatrice des expositions et des éditions pour la Fondation Giverny pour l’art contemporain. Entre 2017 et 2024, elle a agi comme assistante à la programmation au centre d’exposition Plein sud. Elle a aussi conçu le balado d’entretiens culturels Point Bleu, en partenariat avec le centre d’artistes  Occurrence.

À propos de sa pratique artistique, elle explique : « Ma pratique résulte de ma fascination pour les figures artistiques qui utilisent la parure comme outil de communication. De Derrida à Dalida, la flamboyance vestimentaire participe à la création d’un personnage public qui influence les gestes du quotidien. L’exubérance extrême semble légitimer leur statut d’artiste, l’apparat dissimuler leur trac. Mon travail investigue la tension entre la performance extravagante du soi dans l’espace social, l’effacement de l’intime derrière ce personnage et leur enchevêtrement potentiel. J’adopte avec autodérision une posture de dandy  pour déjouer mon propre sentiment d’imposture. Ainsi, j’examine les cloisons qui s’érigent entre ma vie intime et artistique cherchant à circonscrire la part d’authenticité chez l’une et chez l’autre.

Cette dichotomie transparaît dans l’aspect convertible de mes projets tandis que je recours à la sculpture textile et à l’image imprimée pour tisser des liens étroits entre le caractère usuel, représentatif et performatif des objets créés. L’ambiguïté physique de ces objets requiert un ensemble d’allers-retours entre le vêtement et sa représentation pour comprendre sa matérialité réelle. Ces trompe-l’œil, acidulés et ludiques, participent à un questionnement sur les récits intrinsèques aux vêtements. Si mes chaussettes deviennent surdimensionnées ou esseulées, elles s’éloignent de leurs attributs conventionnels, puis l’inventaire de celles-ci révèle en quoi mes considérations artistiques s’immiscent dans ma garde-robe.

J’investis aussi la narrativité du vêtement par la figure du fantôme. Tel un fantôme qui ne s’incarne que lorsqu’il est revêtu d’un linceul, son habit, j’apparais et je disparais alors que j’enfile le vêtement. Une fois retiré, il évoque un vestige de moi, un suaire autrefois habité par mon corps.

En ce sens, j’octroie aux habits le rôle de me raconter comme de m’éclipser. Avec une désinvolture feinte, je décortique le vêtement pour introduire une fiction dans la quotidienneté et amorcer une réflexion satirique sur la part de performativité qui régit nos réalités. »

L’exposition

Temple de la renommée : burn out country club

Mathilde Varanese a annoncé, en mars dernier, son intention de se retirer après une brève, mais inoubliable, carrière sportive. Unanimes, toutes les voix du milieu s’unissent pour dire que cette athlète mérite son intronisation au Temple de la renommée, elle qui a marqué le très convoité, et non moins mythique, Burn Out Country Club.

Cet honneur, ô combien mérité, sera souligné par une immersion rétrospective dans la carrière de l’athlète : une traversée entre médailles et archives, témoins des affrontements acharnés et des engagements passionnés qui ont jalonné son parcours.

On se souviendra longtemps des corpus éclatants de Mathilde Varanese, de ses performances vives, puissantes, où chaque geste semblait taillé dans la rigueur d’un entraînement assidu. Sa manière d’investir l’espace, d’imposer sa pratique sur le terrain, relevait d’un coup de maître. Mais ce que l’histoire retiendra surtout, c’est la résilience de Varanese; sa façon de se relever, de retourner au jeu avec une intensité nouvelle après une chute marquante à l’hiver 2024. Cette chute, qui provoquera des entorses douloureuses, sera méticuleusement dénouée au fil de neuf mois d’une rééducation aussi silencieuse que déterminée.

C’est lors de ce congé forcé que se révéla toute la détermination de Varanese. Là où d’autres auraient suspendu le jeu, elle fut repêchée par l’univers de l’art contemporain; qualifiée pour une exposition qu’elle transforma en terrain d’exploration. Ce moment de bascule devint fondateur : seule de sa génération à atteindre une telle reconnaissance au Club, elle s’entraîna sans relâche, forgeant un corpus qui n’avait rien à envier aux plus grands tournois du circuit.

Sportive d’élite dans une discipline aux allures mondaines, Mathilde n’a pourtant jamais perdu le contact avec son public. Toujours proche des siens, elle a su conjuguer la tension du haut niveau avec une humanité rare. Son plus redoutable adversaire ? Une rivale intime, insaisissable : l’anxiété de performance, qui surgissait parfois sans prévenir, comme un smash inattendu. Mais sur le court, comme dans un white cube, elle finissait toujours par avoir le dernier mot.

Seule, oui. Mais invaincue.

Si les gens peuvent constater qu'il y a quelque chose d'absurde dans le productivisme et la volonté constante de gagner, je vais vraiment être contente. - Mathilde Varanesse

La Galerie C.O.A

Le vernissage s'est tenu à la Galerie C.O.A, offrant à Mathilde Varanese un écrin vibrant où présenter son univers.

La Galerie d’art contemporain C.O.A ouvre ses portes à Montréal en mai 2014. Si la galerie s’applique à faire découvrir de nouveaux talents, elle a également à cœur d’exposer l’œuvre d’artistes atteints de déficiences intellectuelles et physiques, dits « outsiders ». Les lieux abritent un palmarès d’artistes à la fois canadiens et internationaux, jouant des conventions établies et de la perception qu’ils peuvent en donner. Leur point commun : une création singulière. En cela s'explique le nom de la Galerie C.O.A. (Créateurs d’Œuvres Atypiques).

Félicitations encore à Mathilde Varanese pour ce parcours inspirant et cette belle reconnaissance en tant que lauréate de la Bourse Altitude/C.

Un grand merci à la Galerie C.O.A, ainsi qu’aux membres du jury, et à toutes les personnes présentes, qui ont contribué à faire de ce vernissage un moment vibrant et lumineux. Cet événement nous rappelle combien il est essentiel de continuer à soutenir les artistes émergents : c’est ainsi que nous construisons une communauté artistique vivante et audacieuse.

Nous vous invitons à suivre Mathilde Varanese sur ses réseaux sociaux pour découvrir ses projets et ses prochaines œuvres.

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